Quel est le Pape qui a supprimé les voix de femmes ?
La musique a toujours occupé une place essentielle dans la liturgie catholique, servant à élever l’esprit des fidèles et à embellir les cérémonies religieuses. Toutefois, au début du XXe siècle, une réforme majeure a été initiée par le pape Pie X, visant à restaurer la dignité et la pureté de la musique sacrée. Cette réforme, documentée dans le Motu Proprio « Tra le sollecitudini », a notamment conduit à l’exclusion des voix de femmes des chœurs liturgiques. Cet article explore les raisons, les implications et les impacts de cette décision historique.
Contexte historique et motivations
La situation avant la réforme
Avant l’intervention de Pie X, la musique sacrée dans l’Église catholique connaissait une certaine dérive par rapport aux traditions anciennes. Les œuvres de compositeurs célèbres et les influences séculières avaient introduit des styles musicaux jugés trop profanes ou théâtraux pour la liturgie. Cette évolution inquiétait de nombreux clercs et fidèles, désireux de préserver la sacralité de la musique liturgique.
Objectifs de Pie X
Pie X, élu pape en 1903, était déterminé à réformer l’Église et à renforcer la spiritualité des cérémonies religieuses. Sa vision était de revenir à des pratiques musicales plus en accord avec la tradition grégorienne et la simplicité des premiers siècles chrétiens. Le Motu Proprio « Tra le sollecitudini » fut son instrument principal pour atteindre cet objectif.
« Tra le sollecitudini » : Le document de réforme
Publication et contenu
Le 22 novembre 1903, Pie X publia « Tra le sollecitudini », un Motu Proprio qui allait transformer la musique liturgique. Ce document abordait plusieurs aspects de la musique dans l’Église, mais l’une des directives les plus notables fut l’interdiction des voix féminines dans les chœurs liturgiques.
Extrait du Motu Proprio
Un extrait significatif du document stipule :
« Les voix des femmes doivent être totalement exclues des chœurs liturgiques et des églises. Lorsque l’on ne peut pas faire autrement, ces voix doivent être remplacées par celles de jeunes garçons, conformément à l’antique usage de l’Église. »
Raisons de l’interdiction
L’exclusion des voix féminines était motivée par plusieurs facteurs :
- Tradition : Le retour à l’usage des chœurs de garçons reflétait les pratiques de l’Église antique et médiévale.
- Décorum : L’accent était mis sur la modestie et la décence dans les églises, où la présence des femmes dans les chœurs pouvait être perçue comme une distraction.
- Uniformité : La voix des garçons était considérée plus uniforme et apte à s’intégrer harmonieusement dans le chant grégorien, l’un des piliers de la réforme musicale.
Réactions et implications
Réactions au sein de l’Église
La directive de Pie X suscita des réactions diverses. Certains applaudirent cette décision comme un retour nécessaire à la pureté et à la sacralité de la musique liturgique. D’autres, cependant, furent déçus par l’exclusion des femmes, qui jouaient souvent un rôle important dans les chœurs paroissiaux.
Impact sur la musique liturgique
L’interdiction des voix féminines dans les chœurs liturgiques eut un impact considérable :
- Réorganisation des chœurs : De nombreuses paroisses durent réorganiser leurs chœurs, souvent en formant des chœurs de garçons ou en recrutant des hommes pour remplacer les voix féminines.
- Influence sur la composition : Les compositeurs de musique sacrée adaptèrent leurs œuvres pour se conformer aux nouvelles directives, favorisant des compositions plus simples et plus proches du chant grégorien.
- Formation musicale : Un effort accru fut mis sur la formation des jeunes garçons dans le chant liturgique, donnant naissance à de nombreux chœurs de garçons de renommée internationale.
Évolution et situation actuelle
Changements postérieurs
Avec le Concile Vatican II (1962-1965), l’Église entreprit de nouvelles réformes liturgiques, dont certaines modifièrent les directives strictes de Pie X. Le Concile permit une plus grande participation des laïcs, y compris des femmes, dans la liturgie, ce qui inclut le chant liturgique.
Situation actuelle
Aujourd’hui, les voix féminines sont couramment présentes dans les chœurs liturgiques à travers le monde. Bien que le chant grégorien et d’autres formes traditionnelles restent en usage, la diversité musicale est acceptée et encouragée, reflétant l’évolution des sensibilités et des pratiques liturgiques.
Conclusion
La décision de Pie X de supprimer les voix féminines des chœurs liturgiques dans « Tra le sollecitudini » fut une étape majeure dans l’histoire de la musique sacrée. Si elle visait à préserver la sacralité et la tradition de la liturgie, elle eut également des conséquences significatives sur l’organisation des chœurs et la composition musicale. Avec le temps, l’Église a évolué pour intégrer à nouveau les voix féminines, tout en continuant à honorer les principes de dignité et de beauté dans la musique liturgique.